Textes

Quelques secondes de sommeil (2006)

Parfumée de terre (2000)

Quelques secondes de sommail

Les papillons

chair de ma chair / et du domaine de l’invisible / je ne vous quitterai pas des yeux / tant qu’il me sera possible / de claironner dans vos sillons / tout ce que j’ai d’absolument / vrai vrai / mes papillons / vrai vrai vrai / mes papillons / autour de vous la relance des tréfonds oubliés / chair de ma chair / mes bouts trognons / je vous aime / à petits papillons…

à l’envie de me sonder / l’envie de chatouiller / vos instincts parfait / vos gorges déployées / l’écrin de vos jeux successifs / grimpe sur mes récifs / vos ressources vos délices / croulent sous les caprices / viens établir tes lois pipo / ces oiseaux qui ont froid chipot / n’ont pas mis leur manteaux Hippo / et la sœur Sido les traitent de coquins / aperçoit le manège / elle n’aperçoit plus rien / d’autre / pas si vite / pas si vite / pas si vite / pas si vite

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L'enfermement

assommé du tête à tête / où ses cheveux m’ensevelissent / dans cette couche aussi distraite / qu’une nuée de doigts s’y glissent / j’ai pris la peine de souffrir / de l’être froid me dessaisir / la tête dans les cartons / A la trace de la direction / nouvelle / nouvelle / à cette ébauche d’amour / qui nous débaucha de nos lits / hier pour / les tableaux vides inexpressifs / l’épine dans le pied et les récifs / qui psalmodient d’autres prières / d’une forêt qui ensorcelle / guerrière / Ce qui sent…/

silhouette sévère ton enfer me ment / fricote avec le diable, fous moi le camp / frivole et pas sincère / fanfare titanesque / fantasque et meurtrière un tantinet trop flan / silhouette sévère ton enfer me ment / fricote avec le diable / fous moi le camp / fantasque et névrotique / un tantinet cyclothymique / à quelques secondes de sommeil / tu étais en vie quand j’étais en veille /

dans le parfait caravansérail / des âmes à domicile / il y a comme un chez toi qui s’ouvre / qui me dérange et qui déraille / note encore que les gestes / ne résument rien pas même la veste / infligée en plein printemps / quand tu traînais avec le vent / silhouette sévère ton enfer me ment / fricote avec le diable / fous moi le camp

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Qu'est-ce que tu connais du monde ?

ton bien être en balise / une poursuite sur une scène / qu’est-ce que tu connais du monde /mon Alphonse mon Anselme / de l’autre côté de la herse / une larme lourde te bouleverse / ton aide est impulsive / ta gueule d’atmosphère explose / fini la nouvelle vague / regarde comme on surf /l’un parie sur l’inconnu / l’autre mise sa vie au turf / QQTCDM / tous ces trucs mis au bout le bout / pour forger ta carapace / faire jaillir ta propre image / qui te préoccupe en tout / QQTCDM / la météo tapie dans l’ombre / attend son heure pour gémir / depuis qu’on la bouscule à pas de géants / la mémé Théo te crève l’écran / QQTCDM / ailleurs c’est toi / ailleurs c’est moi / partout tu vois c’est comme ici / les mêmes rages les mêmes défis / à l’autre bout du chemin de ronde / QQTCDM

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Parfumée de terre

Les mots

Les mots qui sonnent à nos seuils
tannent le cuir de nos peaux,
le long du courant d'eau chaude
le long du courant d'eau froide.
les mots qui sonnent à nos seuils
annoncent tantôt…
le léger frisson de nos feuilles
sans cette mécanique de l'orgueil…

Et à travers un océan de paroles
sur l'opacité des non-dits,
sur l'artifice d'une suggestion,
Entre l'orifice et le néant
le masque d'un être qui ment.

A travers, ces gestes innocents,
les moues qui déconcertent
les tons, les souffles, silences suspects…
accablants ou en introspection,
est-ce qu'ils comprennent ce que mes peaux aiment?

Mes peaux aiment les cris vains
qui délivrent des mots,
par nos chemins.
chemins de croix chemins de foi,
chemins aux abois,
chemin d'ici ou bien d'ailleurs,
je change d'avis,
d'ailleurs je m'en vais
sur ce chemin qui oublie
ce que mes peaux exposent
on se fait la malle ils ont la dalle
l'encre s'étale noire contre leur morale
et l'on tombe nez à nez
sur un amour ou sur une armée
sans la moindre tonicité.
Feu de la cité, feu dépité
on tire à bout portant des êtres.
pourtant les êtres ne sont pas méchants
à la moindre des choses
mais c'est peut-être à cause
de ces mots qui sont mauvais
qui sentent mauvais moi je m'en vais!

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Le son des bars

J'aime le son des bars
Comme il se fait tard…
C'est très tard, dans les sulfureux bars.

Les yeux qui entrent
Nous sont lumineux, lumineux…

Sulfureux bars
Nervous fingers Cafard…

… Comme le pesant s'allège
Sommes-nous l'apesanteur
Passons du bon temps
Tournez, tournez, tournez club et coton…

Sommes-nous l'apesanteur
Passons du bon temps.

Le temps s'effiloche
Nous étreint et s'éteint.
Sans révolte, ni rage
Tourner la page…

… Lasse solitude qui me désaltère
Lasse et heureuse dans son grand verre
Lassée des départs
D'aucun ne se gare.

Si le passé s'heureux présente…
J'irai sale, huer qui me tente
Une fille décorée d'encens-te
Aux phrases oubliées cassantes.

Je veux bien décoder tout ce qui s'ouvre
Cracher sur les regrets que l'on découvre.
J'irai plus hurler sur mes erreurs !
Vous m'avez négligé, et moi j'ai pris peur.

… Au matin épuisé
Des brumes abusées
S'évapore une buée
Des yeux d'ultraviolets
L'amer/tu/me ressource
Je me désenchante
J'ai mal à mes bourses
Et je pars en pente…
Ma douce.
ignorante

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Bonjour à vous

Bonjour à vous ma tristesse
je vous ressers cette messe
une cérémonie sombre
qui ça va de soi s'évade à l'ombre…

Notez bien qu'une autre fois
dans ce cercueil je pèserai mon poids,
non nous n'irons pas plus loin
la mort et moi on se détient.

Bonjour à vous ma tristesse
j'ai replongé dans ton ivresse
la barre à mine dans la tête
c'est un drôle de jeu auquel on se prête.

Au fond d'une ville presque nue
la berge s'échappe, l'herbe étouffe hue…
j'erre, je me mélange les ficelles
de si près, je me nuis à moi-même…

Tout mon émoi matriciel
n'imprime plus aucun ciel.

Tout mon émoi matriciel
n'imprime plus aucun… ciel…

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Lettre morte

Paris gris
L'aveu noir
Ce soir je taris
Dans les fonds de tiroirs
Je compte les heures
Tente de stabiliser l'image
Je vois la distance de l'erreur
Le tact parfait
afin de m'éviter

Une banlieue de brûlures
Un trottoir de regrets
Mais il est trop tard
Impossible
D'esquiver ce coup de cafard
L'hématome des gênes et des peines
Me taquine
Mordant la citerne

Et lorsque je veille
C'est pour te voir
Des pleurs à mon sommeil
Il est vicieux ce couloir
Aujourd'hui bien sûr
Bien sûr je suis sûr
Des villes débiles défilent
Dans un long cortège

Qui s'abreuve de noms
Tous ces noms qu'on abrège
Le grand rêve des portes ouvertes
S'achève,
Refaire le décor
Restaurer avec la vraie sève
Tout ce qui encore, encore…

Capture les mots d'alors,
Tout ce qui encore, encore
Fuit le traître du corps
Le parcours à baliser
Le froid d'une salle d'attente
Ce parcours invalidé
Oh sans s'éterniser…
Tout ce qui encore, encore,
Encore !

Ça me tue mais même pas
Il a la chance du normal
Gommée l'aspérité
Mon époque est passée
Voilà ma tête et mes kilomètres
Puisqu'à t'aimer tu m'éloignes
C'est la spatule des recettes
Qui n'est pas dans ton assiette
Aujourd'hui bien sûr
Bien sûr je suis sûr
Des villes débiles défilent
Dans un long cortège
Qui s'abreuve de noms
Tous ces noms qu'on abrège
Qui poussent au portillon

Mais ça me tue mais même pas
Il a la chance du normal
Gommée l'aspérité
Mon époque est passée
Voilà ma tête et mes kilomètres
Puisqu'à t'aimer tu m'éloignes
C'est la spatule des recettes
Qui n'est pas dans ton assiette

La spatule de rotules et du ridicule…
Mais pleures-en un…

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De personne d'autre

Nous nous voyons
dans un brouillard,
épais , étroit,
intimes et aigres,

Nous nous voyons à travers
le filtre des bouteilles nues
et parfumées de terre;
nous voyons nos armes
comme nos adversités.

Une vapeur chaude
d'un doute, je respire
et comme devant
un Dieu né
me voici prosterné.
Il sera dit que
nous venons de nous retrouver.

Ce qu'il peut coûter
ce nuage damné
attentif et prudent
des moindres faits et gestes.
C'que j'en ai passé des jours blancs et secs.

Dans mon haut cimetière
tout près du port,
je connais un reste d'or
entre la terre et les morts
une belle gouttière,
en désespoir de sort
nous fuirons de par les mers
et nous fournirons de la lumière
à ceux qui augmentent les doses
comme ils refusent les pauses.

Nous parvenons
à peine à savourer
le lent murmure de la cuvée
elle semble s'en aller de l'avant, de l'avant
et la danse chaloupée,
nous allons, nous allons
derrière nous une chanson,
se fredonne en canon

"l'on s'éprend que dans le noir ou le blanc"
"l'on chavire que dans le noir ou le blanc"
la petite chanson
de qui voudra bien d'elle
la petite chanson qui a battu de l'aile.

Nous nous voyons dans cet alcool qui fume
Nous n'sommes que d'eux et de personne d'autre
Nous n'culminons que d'eux et de personne d'autre
désormais sans attendre
à le vouloir sans le pouvoir
nous n'vivrons que d'eux et de personne d'autre
de personne d'autre…

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Sans blague

Elle était belle,
elle était croyante
Elle devinait de ces choses
Que chacun dissimule en lui-même

Elle était grande dans sa charpente
Bien bâtie dans la constante
De cette famille pour qui tout va
Que tout contente

Sans blague,
mais ça n'était pas triste
Que d'en tomber amoureux
Sans blague
fallait être tenace
Pour la toucher ne serait-ce qu'un peu.

Dans nos regards encore trempés
De cette jeunesse malhabile
A exprimer ce qu'elle ressent
Puisqu'elle se ment
terri, terri, terriblement !

Sur les pétales de tes joues
J'allais sentir de ces mots si doux
Qui se perdaient en chemin
De l'âge, de l'âge et du lendemain.
Ce lendemain qui n'est pas dupe
D'un point de vue si personnel
Tant qu'à te caser dans ta hutte
On te déniche deux trois teckels

Et cette parole qui plonge
Qui s'avance et qui s'allonge
Dans cet immense fossé
Des générations fermées
à tout jamais
De palabres en palabres
Ma danse devenait macabre
Tu sais, toutes ces palombes me plombent
Tout près de ta pierre tombale.

Mais les pierres qui s'emballent
Ne se taillent pas dans ma masse
Elles roulent et roucoulent
Elles roulent pas loin
Mais encore,
encore !

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Les outrecuidants

Un comptoir,
du formica
Le rideau est encore las
Raide, lourd.

Des vigiles s'empressent
Des portes à vérifier
Des ouvertures à fermer…

Avec la nuque dégarnie
Le smoking à 4 épingles
L'oreillette
histoire de dire

Car plus tard…
beaucoup plus tard…
plus tard…

Ils sont tous là …
L'air absorbé
Ils se reluquent
Des talons jusqu'aux nuques
Les farfelus,
les m'as-tu vu, les révoltés
A s'admirer pendant qu'ils mangent
Sans savoir à quels frais

Dans le banquet !
De l'outrecuidance !
Ils se tutoient
comme s'ils se connaissaient
Comme du même monde !
c'est de bon ton
La coupe à la main,
de causer à tout le monde
Sur un air complice, enjoué, détaché,
Des autres et de leurs bons soins.

Ces autres qui se soignent
Cet arrière train du soir au matin
Cet arrière train qui saigne
de banquets en banquets !

Au beau milieu
De ce chahut,
les chuchotements
Puisqu'ils sont là presque envieux
Mais toujours régalés
par le banquet,

Les chuchotements, chut, chut, chut, …
Toujours les mêmes
Ça vous froisse une oreille…

Quand des têtes connues
Plus qu'il n'en faut
Mènent la danse dans ce faux semblant
De hiérarchie,
des gestes posés
Des glaces sans teint
Des salles aux miroirs
Aux histoires sordides
comme partout
La bandaison moisie
Sur quelques pauvres filles
Le rêve à la main
La vie en dents de scie

Agrippées à ces hommes
A faire comme si
Agrippées à ces hommes
qu'elles épinglent aux banquets

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L'étranger

Pas assez écouté
et souvent consterné
pas assez étudié
désossé, conspué,
ignoré dans les livres,
oublié des quartiers,
l'étranger…

de la France africaine
la France américaine
cette France asiatique
étroite et authentique…
Ce sont là les reliques
D'une France colonialiste

Et la face d'étranger
fière de ses aînés,
qui a bien su aider
cette face du monde
son côté immonde
et sa partie féconde

des éclairs violents
aux courses d'élan
aura donc travaillé
de ses racines
renfloué la terre
et fourni ses cercueils…

ses cercueils.

Le voici ruiné,
il aura tout donné
il lui reste ce passé,
nourrissant et entier
pour qui te prends-tu?
Toi qui adhères au parti
qui te cache une partie,
de ta propre patrie.

Tu collabores servile,
à cette haine habile
et tu cours t'engluer
de solutions débiles.

Tu nies tous nos morts de Monte Cassino
Tu nies tous nos morts à voir Marengo
Des pièges des tranchées aux divisions blindées
l'Afrique débarquait ses tirailleurs Sénégalais
De Gaulle remerciait, la France se frittait
ses enfants gâtés nous auront écartés.

Il te reste sur le front ce résidu gammé
Il te reste dans le fond comme une croix rouillée

Min djibalina talah el-sawt el-watan…
Arouah, arouah ya sidi, arouah, arouah…

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Miroir

en marge d'une histoire
j'ai croisé un regard
qui sans crier gare
arpente le chemin du prétoire.

Il était une fois
sans jamais le savoir
un miroir en retard
affublé de chat gloire.

miroir mon beau miroir
à saigner tes espoirs
lorsqu'on t'enfume cigare,
tu as des mythes dans tes tiroirs…

en sucre qu'en dis-tu?

Il était une fois
sans jamais le savoir
un héros sans foulard
qui se grime d'heureux hasards.

miroir mon beau miroir
sors-nous de ton hangar
empêche-nous de bailler
si nous ne savons sommeiller

sans ces mythes pleins nos tiroirs
en sucre qu'en dis-tu?
en sucre qu'en dis-tu?

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